Cap Corse, au village de Macinaggio les gens ont le temps, le fromage a le parfum du maquis en fleur, les oranges et les citrons sont murs.. Mais un fort coup de vent d'ouest est prévu et nous pousse à avancer vers Bastia pour s'abriter des rafales annoncées. Nous retrouvons le vieux port avec plaisir, bien plus accueillant qu'en août 2011 où nous nous étions imposés parmi une foule de plaisanciers, pour un mouillage forcé à la jetée du dragon. Aujourd'hui amarré au quai bien dégagé du môle génois le bateau se prépare à la houle prévue pour demain. En attendant, les ados se baignent dans l'avant port, les gens aux terrasses profitent du jeudi férié et quelques américains débarqués d'un ferry pour la journée s'interrogent sur le rythme de cette ville où la plupart des commerces sont fermés. Soudain une explosion et une fumée noire et épaisse s’élèvent depuis le quai des restaurants d'en face. Les poubelles du vieux port ont pris feu. Accident ou attentat? Ça discute ferme...Il parait que les restaurateurs en auraient assez que les dites poubelles soient mal placées et pas assez souvent vidées. Ce n'est pas dit comme ça dans "lu ghjurnale" où l'on ne raconte pas non plus quelles sont les "crapules" qui ont défait une amarre au bateau de Toussaint le jour du coup de vent! Bien que pinzuti (pluriel de pinzutu qui veut dire pointu comme notre accent de continentaux) nous aurons de chaleureux échanges avec les Bastiais, entre fortes bourrasques et douceurs insulaires, avant qu'ils ne se sentent trop envahis par les vacanciers. Les rafales arriveront bien comme prévues et iront jusqu'à 40 nœuds dans la journée et la nuit du vendredi où la houle rentre fort même dans le port. Une amarre a cédée mais les autres ont tenues. Il faut dire qu'Aigina avait été paré pour l'occasion d'attaches multiples et variées sur un modéle de type Spiderman, tissé d'amarres et de reprises de pendilles...

Le calme revenu nous mettons le cap sur Elbe, cachée dans la brume en face,et quittons à regret la Corse sans avoir ni le temps ni le vent pour découvrir ses cotes. La traversée vers l'ile d'Elbe est engagée depuis une heure quand Jean-Yves repère des souffles à 600m à bâbord. Un cachalot, géant des mers avance! On reconnait son nez plat, sa bosse dorsale et enfin sa queue quand il plonge...Long de 20m, pouvant peser 40 tonnes, il est capable de plonger jusqu'à 2000m de fond pour se nourrir de calmars. Un peu inquiets de ne pas le voir réapparaitre à l'horizon ou trop prés de nous , nous lui souhaiterons bonne pêche et toute la tranquillité dont il a besoin... La navigation entre l'ile d'Elbe et les cotes italiennes du Monte Argentario se fera souvent au portant, vent arrière confortable, avec le génois seul qui entraine le bateau jusqu'à 8 nœuds sans excès de gite, un régal. Les conditions météos restent instables entre: pas assez de vent qui oblige à l'appui fréquent du moteur, et trop de vent qui détermine de prudentes escales.Talamone, Cala Galéria et après deux jours au port de Santa Marinella à 30kms au nord de Rome, nous repartons ce vendredi 22 mai pour un petit trajet avant l'arrivée d'une nouvelle dégradation. Cap sur Fiumicino le port d'attache initial d'Aigina, l'un des principaux ports de pêche de la périphérie de Rome où nous étions revenus plusieurs fois avant d'en repartir en bateau l'été 2011. Dans la matinée la mer grossit, les nuages d'orages sur Civitavecchia enflent et nous poursuivent. Nous atteignons l'entrée du canal de Fiumicino avec 25 nœuds de vent.

La houle est formée, pas moyen de s'amarrer autrement que provisoirement sur les postes des chalutiers en attendant l'ouverture des deux ponts, le piéton et le routier, pour remonter à l'abri en amont du canal. Et là, grand bazar à l'italienne avec tous ceux qui nous veulent du bien ou pas, et pas un qui n'est d'accord sur l'horaire d'ouverture des ponts ou la meilleure place pour attendre! Après de multiples ronds dans l'eau, de manœuvres d'amarrage dans la houle, de débats italofranglais, après l'arrivée des chalutiers qui déchargent, s'amarrent, nous passerons enfin les ponts à 19h, pour trouver abri sur un quai de chantier qui se révélera très hospitalier dans la rencontre avec l'équipe qui s'en occupe. Ouf! Préférer les endroits authentiques aux ports de plaisance sans vie, par gros temps ça devient militant... Nous reprendrons des forces à de bonnes adresses bondées et bruyantes sur les quais, comme c'est d'ordinaire chez Gepagi, pour dévorer des cornets de beignets de calamar, des pizzas aux anchois frais et fleurs de courgettes, aux supions, aux aubergines fondantes...Pour le cappuccino de fin de matinée c'est chez Mario qu'il est crémoso... Nous repartons ce dimanche matin, à un mois pile du début du voyage pour continuer plus au sud vers Anzio et bientôt le golfe de Naples.

Coté blog, nous ne parvenons malheureusement toujours pas à insérer des photos dans les articles, la manœuvre reste rebelle. Nos essais continuent mais en attendant, elles restent en pièces jointes. Merci pour vos petits mots de commentaires que nous arrivons enfin à lire et qui encouragent l'écriture.